« to be or »… ne plus être...
Le premier drame de cette annus horribilis 2020, ce sont bien sûr les centaines de milliers de vies foudroyées par la pandémie, avec autant de familles endeuillées par la perte d’un, voire de plusieurs proches. Par-delà cette réalité cruelle, la maladie frappe également de plein fouet des pans entiers de notre économie. Parmi ceux-ci, les secteurs de la culture et du patrimoine figurent au rang des plus impactés.
Les victimes indirectes de ce fléau, ce sont d’abord nos restaurateurs d’excellence, héritiers d’un savoir-faire multiséculaire reconnu par l’UNESCO, ainsi que tous ceux qui les approvisionnent en produits de qualité, éleveurs, maraîchers, pêcheurs, ostréiculteurs, fabricants de cidre ou de calvados… À genoux aussi ceux dont le métier consiste à nous divertir : nous songeons aux acteurs du spectacle vivant qui, tout au long de l’année, ont vu leurs prestations au mieux réduites, au pire annulées. Libraires, éditeurs régionaux, bouquinistes, kiosques, aucun maillon de la chaîne du livre ou de la presse n’est épargné, à l’image de nos confrères de My Normandie obligés de mettre la clef sous la porte au printemps dernier. Propriétaires privés ou exploitants de monuments, petits ou grands musées ont connu une diminution considérable de leur fréquentation, notamment à cause des restrictions imposées pour l’accueil du public. Autant de ressources en moins pour l’entretien et la restauration, avec en ligne de mire une baisse drastique des investissements dans le futur. Être ou ne plus être, telle est effectivement pour beaucoup la question.
Tous les acteurs du patrimoine ont besoin de nous et tous nous pouvons faire quelque chose pour les aider. Venise est certes une ville merveilleuse et le Taj Mahal possède sans doute un charme incomparable. Mais la contemplation des paysages infinis de la Suisse normande ou des parois vertigineuses du mont Saint-Michel, l’ascension des falaises blanches d’Étretat ou l’observation minutieuse des verrières de la cathédrale d’Évreux, peuvent aussi nous emporter loin des contingences de ce temps. On va parfois chercher au bout du monde ce dépaysement qui se trouve au coin de notre rue…
Envie de territoires authentiques et de grands espaces ? Direction la presqu’île de la Hague ou les jolis campagnes du Perche, la merveilleuse île Tatihou ou les profondeurs de la forêt d’Eawy. Besoin d’une immersion dans le monde de l’art ou des traditions ? Poussez la porte des musées Baron-Gérard de Bayeux, Thomas-Henry de Cherbourg, André-Malraux du Havre, ou de la maison du Lin, à Routot ; vous y serez bien accueilli en toute sécurité. Pour un week-end ou une après-midi, une semaine ou une journée, il y a forcément quelque chose à voir non loin de chez vous. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas d’emporter un exemplaire de Patrimoine Normand sous votre bras !
Un mot encore. Outre le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, cette année 2021 marquera surtout, en Normandie, les deux cents ans de la naissance de Gustave Flaubert. Dans chacun de nos numéros, nous rendrons donc hommage au père d’Emma Bovary, de Bouvard et de Frédéric Moreau. Nous inaugurons cette série en nous intéressant à la jeunesse normande et à la formation littéraire de Guy de Maupassant, dans lesquelles Flaubert joua un rôle considérable.
Que 2021 vous apporte lumière et chaleur.
Belle année à tous.
Stéphane William Gondoin et la rédaction