Bob Le Sueur nous a quittés le 5 novembre 2022. (© Stéphane William Gondoin)
Nous avions eu le privilège, juste avant le premier confinement de 2020, de rencontrer chez lui une figure incontournable de Jersey, Bob Le Sueur1, alors âgé de 99 printemps. Jeune, il avait caché, durant l’occupation, des évadés russes des camps de travail nazis, véritables mouroirs pour prisonniers utilisés comme esclaves, dans une île d’une grosse centaine de km², où la proportion était d’un soldat allemand pour trois habitants ! Une résistance sans armes qui aurait pu le conduire à la déportation et à la mort, comme sa concitoyenne Louisa Gould (1891-1945), gazée à Ravensbrück pour le même « crime d’humanité ».
Les exploits de Bob lui valurent plus tard diverses récompenses et honneurs, mais surtout la reconnaissance de ceux qu’il avait sauvés et le plus grand respect de l’ensemble des Jersiais, aux yeux desquels il était devenu une icône. Modeste, il attendait dans sa petite maison avec vue sur mer « de fêter le prochain anniversaire, avec deux zéros à la fin ». Dans un français impeccable, il se clamait haut et fort normand, et non pas anglais, ajoutant avec une pointe de malice : « Mais à la fin, qui donc a gagné la bataille de Hastings ? »
Conscient de l’horreur de ce qui se passe actuellement à l’autre bout de l’Europe, il s’était au printemps dernier lancé le challenge d’accomplir 5000 pas dans son jardin, afin de récolter des fonds pour aider les réfugiés ukrainiens. À 101 ans ! Un grand Monsieur, jusqu’au bout…
Bob s’est éteint le 5 novembre dernier, après avoir fêté son 102e anniversaire. Sans lui, le monde est un peu moins bon. Que sa mémoire soit louée.
PRATIQUE
|
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :NOUS SUIVREPRATIQUE
|