Le casino et, au premier plan, le C.I.D de Deauville. (© Coll. Gilbert Hamel)
Deauville a fêté ses 150 ans d’existence en 2010. Du moins le Deauville moderne, celui du duc de Morny. Car Deauville existait déjà... avant Deauville ! Et le Deauville d’aujourd’hui doit beaucoup à celui d’hier, sans lequel il n’aurait jamais pu naître. Retour sur une histoire emblématique du tourisme balnéaire.
Il est des noms qui parlent immédiatement à l’esprit. Entendez Venise, vous imaginez la place Saint-Marc, le Grand Canal, le pont du Rialto sous lequel glisse une gondole animée par un homme en maillot rayé qui entonne la chanson traditionnelle. Moscou ? La Place rouge, la momie de Lénine, un métro mégalomane, des gens emmitouflés qui marchent dans la neige devant le Kremlin. Las Vegas ? Une cité de néons en plein désert, succession d’hôtels et de casinos plus kitsch les uns que les autres. Dubaï ? Des avenues démesurées, une tour géante, des îlots de béton sur la mer...
Et Deauville ? Selon son niveau de culture et ses centres d’intérêt, on pense aux champs de courses, au polo, au cinéma américain ou à celui de Claude Lelouch, à la plage, au casino et aux hôtels, aux ventes de yearlings... et même aux réunions gouvernementales au sommet, à un Camp David français où se nouent des liens diplomatiques. En tout cas, Deauville parle autant à l’étranger que les villes précitées. Presque autant que Paris et sa Tour Eiffel, plus que Nice et sa Promenade des Anglais. Deauville est sans doute la ville normande la plus connue dans le monde : un mélange de charme luxueux un peu désuet et de farouche modernité au carrefour d’influences bénéfiques, celles de la géographie, de l’économie, de l’histoire.
Cette histoire, nous allons vous la raconter dans les moindres détails ; et, comme la pagination de ce seul numéro de Patrimoine Normand n’y suffirait pas, nous avons décidé de vous la livrer peu à peu, sous la forme d’un feuilleton. Qui dit Histoire dit chronologie, c’est du moins notre conception de la narration, qui procède par l’enchaînement naturel des événements, l’un en chassant un autre plus ancien, et augurant d’un prochain qui découle de tous les précédents ; n’en déplaise aux tenants d’une vision thématique de l’Histoire, qui relève plus de la théorie des ensembles sans que les liens entre les pièces du puzzle apparaissent toujours de manière évidente. Qui dit feuilleton dit épisodes, les mânes d’Honoré de Balzac, Alexandre Dumas et Eugène Sue ne nous contrediront pas. Des épisodes ? Des époques, comme on disait du Comte de Monte-Cristo qu’on allait voir au cinéma en deux fois, puisqu’il n’était pas question de servir au spe...
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