Les Norvégiens débarquent en Islande en 872, Oskar Arnold Wergeland, huile sur toile, 1877. Imagerie typique du XIXe siècle. (© Musée national de l'art, de l'architecture et du design de Norvège)
Le traité de Saint-Clair-sur-Epte est conclu à l'automne de l'année 911 entre Charles III le Simple et Rollon. Il permet l’établissement des Normands en Neustrie à condition qu’ils protègent le royaume de Charles III de toute nouvelle invasion des « hommes du Nord ». Vitrail de l'église Notre-Dame de Saint-Clair-sur-Epte (Val-d'Oise). (© Patrimoine Normand) |
En 911, à Saint-Clair-sur-Epte, la Normandie est portée sur les fonts baptismaux par deux grands chefs féodaux. D’un côté, Charles III de France, dit Le Simple ; de l’autre, Hrolf, jarl des Vikings de la Seine. Lors de cet acte fondateur, le plus puissant n’est pas celui qu’on pense : par cet accord, le roi achète une paix indispensable à ses ambitions, et surtout, en donnant en apanage un fief occupé de longue date, il consacre un état de fait.
C’est l’aboutissement de plus d’un siècle d’une histoire mouvementée. Depuis la fin du VIIIe siècle, lorsque les raids nordiques commencèrent de s’abattre sur la Gaule carolingienne. Pour l’empereur, ce sont des pirates sans foi ni loi qui prennent pour cible les monastères les plus exposés. Comme ces pillards viennent du septentrion européen, on les appelle Northmen, les Normands, un nom qui répand la terreur, tant leurs coups de main sont fulgurants et violents. Ils évitent du reste les batailles rangées, où ils n’auraient pas les moyens militaires de faire face. Leur meilleure arme demeure la rapidité.
Ils surgissent et, avant que la défense des côtes puisse s’organiser à la vue de leurs voiles carrées et de leurs menaçantes proues ornées de figures effrayantes, ils débarquent, tuent et s’emparent de tout ce qu’ils trouvent : trésors, bétail, femmes, esclaves ; et repartent aussi vite, ne laissant que des cadavres, tels des démons surgis de l’enfer, une image que ne manquent pas de répandre les moines, victimes parmi d’autres, mais seuls détenteurs du pouvoir de consigner les événements par écrit : Délivrez-nous, Seigneur, de la fureur des Normands, ajoutent-ils volontiers au Notre-Père !
Surgis de la mer, tels des démons de l’enfer. (Photo Thierry Georges Leprévost © Patrimoine Normand)
Rapines et négoce
Leur mode opératoire désigne tout naturellement à leur vindicte les rivages de la Manche et l’embouchure des fleuves. Au fil des ans, dès 820, leurs raids s’affirment de plus en plus fréquents en baie de Seine, entonnoir immense où s’engouffrent les esnèques (mot normand dérivé du norois — ancien scandinave — snekkja, qui désigne leurs bateaux ornés d’une tête de serpent ; il faut bannir l’appellation drakkar créée en France au XIXe siècle à partir du mot drekar, dragons) occupées pour la plupart par des Danois. En 845, ils attaquent Paris, s’emparent des monastères de Saint-Germain-des-Prés et de Sainte-Geneviève et pillent l’île de la Cité. Réfugié à Saint-Denis, le roi de France Charles le Chauve achète son salut en leur ver...
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