Façade principale du manoir de Courboyer, tour d’escalier et échauguettes. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
Lithographie montrant le manoir de Courboyer vers le milieu du XIXe siècle, avec sa chapelle. (© Coll. Patrimoine Normand) |
Le Perche normand, pays de bocage vallonné, est une région qui la privilège de conserver un ensemble important de manoirs des XVe-XVIe siècle. Paradoxalement, dans ce patrimoine architectural de valeur, Courboyer est parmi les rares manoirs classés Monuments Historiques.
Comment peut-on définir le manoir : un manoir est l’habitation des champs d’un propriétaire de « fief » en général noble (plus rarement un roturier). Ce propriétaire ne jouit pas de tous les droits féodaux complets permettant d’élever tours, donjon, châtelet, privilège réservé au château. Il possède : les droits de chasse, de colombier. Mais surtout, source de quelque profit, les « banalités » - four banal où était cuit le pain contre une redevance, il en allait pareil avec la farine produite par le moulin banal. Il avait parfois la basse justice.
Maison de champs, le manoir peut tout de même être clos de murs, entouré d’une exploitation agricole qui constitue la source essentielle des revenus de cette petite noblesse rurale. Dans l’enceinte du manoir, « la Basse-cour » est entourée des granges, écuries, étables… Cette exploitation est complète de garennes pour la chasse et d’un vivier pour la pisciculture. Pendant le Moyen Âge, l’agriculture reste la source principale de richesse ; en France, pays aux terroirs riches et variés, pays le plus peuplé d’Europe entre 15 et 18 millions d’habitants, toute la petite noblesse résidait à la campagne au milieu de ses terres (contrairement à l’Espagne où la petite noblesse résidait dans les villes et les bourgs).
Construction modeste à l’origine, dès le XIVe siècle, le manoir prend de l’ampleur pour ressembler au château avec plusieurs étages. Au XIVe siècle, la guerre de Cent Ans va amener la destruction d’une partie importante du patrimoine. Elle avait commencé pour la France par deux désastres militaires : les batailles de Crécy et de Poitiers, bataille au cours de laquelle le roi Jean II le Bon fut fait prisonnier par le Prince Noir. Charles V (1364-1380), aidé par le connétable Du Guesclin, adopte une autre tactique : multiplier les opérations ponctuelles, fortifier les villes et les bourgs et refuser les grandes batailles rangées ; cette tactique fut couronnée de succès au prix de l’abandon des cam...
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