Les dommages sont visibles de loin, dès l’arrivée sur Falaise. Où est pasé le romantisme du Val d’Ante dépeint au XIIe siècle par Benoît de Sainte-More ? (Photo Thierry Georges Leprévost © Patrimoine Normand)
Le donjon de Falaise en 2003, vers la fin des travaux de « restauration ». (Photo Thierry Georges Leprévost © Patrimoine Normand) |
Est-ce l’épilogue du lamentable feuilleton de la pseudo-restauration du donjon de Falaise ? Le 24 novembre dernier, le Tribunal correctionnel de Caen a condamné Bruno Decaris à 3000 euros d’amende. Pas, comme on pouvait l’espérer, pour offense au patrimoine monumental normand, mais pour simple infraction au code de l’urbanisme ! Un banal défaut de déclaration de travaux, doublé d’une réalisation en zone protégée.
En somme, le génial artiste a subi le même sort qu’un particulier constructeur d’un abri en parpaings pour ses lapins dans le périmètre d’un château classé… À deux nuances près : à Falaise, il s’agit du château natal de Guillaume le Conquérant, et le coupable n’est autre que l’Architecte en Chef des Monuments Historiques du Calvados ! Au centre de la polémique : le « blockhaus » accolé au donjon du XIIe siècle ; un avant-corps en béton censé participer à la restauration du château pour reconstituer « une architecture de guerre, pas un château romantique »1, selon les propres termes du « coupable », qui a confondu reconstitution et invention pure et simple. Bien dommage de la part du restaurateur (entre autres) de l’abbaye d’Ardenne et de Saint-Sauveur de Caen ; quelle mouche l’a donc piqué ?
Entendons-nous : un architecte a parfaitement le droit de donner libre cours à ses fantasmes novateurs ; c’est même plutôt une bonne chose, mais à condition de ne pas les exercer sur un monument historique prestigieux, parfaitement connu dans son passé, et bien loin d’être devenu une ruine où tout serait à rebâtir. Or, le moins que l’on puisse dire, c’est que les élans bétonneurs de Bruno Decaris sont totalement incongrus sur le donjon reconstruit par Henri Ier Beauclerc sur le lieu de naissance de son père. Les formes développées, les matières utilisées, les couleurs même seraient plus à leur place à la Défense que dans un château médiéval chargé d’histoire. N’est pas Viollet-le-Duc à Pierrefonds qui veut ! Quant à l’argument militaire dans une ville sinistrée en 1944… Les Falaisiens n’avaient pas besoin d’un blockhaus pour se rappeler leur passé.
En somme, le génial artiste a subi le même sort qu’un particulier constructeur d’un abri en parpaings pour ses lapins dans le périmètre d’un château classé… À deux nuances près : à Falaise, il s’agit du château natal de Guillaume le Conquérant, et le coupable n’est autre que l’Architecte en Chef des Monuments Historiques du Calvados ! Au centre de la polémique : le « blockhaus » accolé au donjon du XIIe siècle ; un avant-corps en béton censé par...
Il vous reste 94 % de cet article à lire.
PRATIQUE
|
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :NOUS SUIVREPRATIQUE
|