Le feu de la Saint-Clair à La Haye-de-Routôt. (© Anne Marchand)
Le feu de la Saint-Clair à La Haye-de-Routôt. (© Anne Marchand) |
Les embrasements traditionnels étaient innombrables en Normandie et on en trouvait autrefois pratiquement dans chaque ville, chaque village. Il existait des feux festifs cycliques, comme les bourguelées des Rois1, ceux de la Chandeleur, du Carnaval, de mai ou du solstice d’été, mais aussi des feux de saints, des feux agraires, destinés à éliminer par des rituels mauvaises herbes ou vermine, des feux vengeurs ou purificateurs… Voici donc, sous un aspect brûlant, cette Normandie qui n’est point sans feux ni lieux.
Les feux des Rois, en janvier, furent des plus importants en Normandie. On les allumait à l’Épiphanie (nuit du 5 au 6 janvier), quand les familles se retrouvaient, car c’était le seul jour où les fermiers donnaient congé à leurs employés. Parfois ils étaient allumés le dimanche précédent et le dimanche suivant, dit « dimanche des Rois Morts ».
Jusqu’au début du XXe siècle, les enfants fabriquaient des falots, ou « lanternes des Rois », avec des éléments de récupération, papier huilé ou vieilles cartes à jouer, dans lesquelles ils plaçaient une chandelle qu’ils promenaient au bout d’un bâton, criant dans les rues « Adieu Noël ! »
Éclairés par les falots, les gens se rendaient à la bourguelée des Rois. Dans tout le pays de Caux par exemple, les paysans avaient dressé un énorme bûcher et, la nuit venue, ils l’enflammaient. Tout le village était présent, on se donnait la main pour danser autour des flammes et chanter. Dans l’estuaire de la Seine, il existait une véritable émulation entre les communes. On s’y disputait l’honneur de brûler le plus grand nombre de bourrées, ici 500, là 1 200 ou davan...
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1) Les bourguelées sont des fagots de bois et de ronces auxquels on met le feu.
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