L’empereur Maximin II ordonnant de brûler les savants convertis par sainte Catherine. Le bûcher est généralement le sort réservé aux hérétiques ou aux sorciers. Le bourreau et son aide sont à l’office. Vitrail du XIIIe siècle, très restauré au XIXe siècle, de la cathédrale de Coutances. (© Stéphane William Gondoin)
Louis XVI au pied de l’échafaud. Le « citoyen Sanson » et son aide préparent la guillotine. Charles Benazech, vers 1793. (© Paris musées – Petit Palais - www.parismusees.paris.fr – Domaine public) |
Dans les temps anciens, le bourreau suscite tout à la fois de l’horreur, de la crainte et de la fascination. Il exerce un métier pareil à nul autre. On le redoute, on le méprise, mais on accourt en foule aux exécutions pour le voir à l’œuvre. En Normandie comme ailleurs, il est un rouage indispensable de l’ordre social. Et son travail effrayant le pare d’une aura ambiguë.
Au cœur du Rouen historique, la rue des Fossés-Louis-VIII est un passage pavé étroit non loin de la place des Carmes. Son tracé est fort ancien, mais cependant ce nom ne lui a été donné qu’en 1817, en souvenir du roi Louis VIII, fils de Philippe Auguste et d’Isabelle de Hainaut, grand pourfendeur d’Anglais, qui avait accordé à la ville la cession du terrain des arrière-fossés en 1224. Auparavant, elle s’appelait la rue de l’Aumône, et c’était là que se situait, au Moyen Âge, la demeure des bourreaux. Au XVIe siècle, ceux-ci s’installèrent plus commodément rue de la Truie, tout près de la rue du Baillage, où se trouvaient la conciergerie et la prison. En 1655, elle fut rebaptisée rue du Bourel, ou Bourrel, autrement dit rue du bourreau. On ne pouvait être plus descriptif. Les exécuteurs de la haute justice, encore appelés « maîtres des hautes œuvres », étaient ainsi au cœur de l’action judiciaire et relativement proches des activités de la ville, même si les bourreaux habitaient généralement avec leurs familles dans des faubourgs excentrés. Ce n’était pas un métier comme les autres, mais c’était malgré tout un métier, qui nécessitait un savoir-faire, qui était soumis à des règles, et qui exigeait un grand sang-froid : quand il était précisé dans l’acte d’accusation que l’intervention devait être « peineuse », cela signifiait que le bourreau devait faire durer l’affaire pour augmenter la souffrance, sans état d’âme. Car les bourreaux n’avaient pas seulement pour fonction de mettre à mort les condamnés, mais également de leur faire subir les pires tortures, selon les sentences décrétées par les juges. Au Moyen Âge, presque chaque grand bai...
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