La ville Rouen fut le théâtre de grandes affaires d'espionnage durant les guerres de Relgion. (© Stéphane William Gondoin)
Sir Francis Walsingham, l'implacable maître des services secrets anglais. (DR) |
Alors qu'en 2016 a été partout célébré le 400e anniversaire de la mort de William Shakespeare, d'autres aspect plus sombres de la flamboyante ère élizabéthaine méritent aussi d'être mis en lumière : le rôle des services secrets anglais pendant les terribles guerres de Religion, dont la Normandie fut l'un des principaux carrefours.
Au début du mois de mai de l'an 1580, dans une taverne bruyante et enfumée de Rouen, un jeune homme d'environ vingt-cinq ans était assis à une table un peu en retrait. Mine de rien, il observait avec attention tout ce monde qui venait parfois de pays lointains, écoutait attentivement les conversations entre les éclats de voix, les éructations et les débuts de bagarres, repérait des visages, mémorisait mille détails. Il s'appelait Charles Sledd. Il était anglais. Et c'était un espion de la reine Elizabeth I. Sledd, qui venait de Paris où il avait rencontré l'ambassadeur Sir Henry Cobham, resta en mission secrète à Rouen jusqu'au mardi 12 mai. Il prit ce matin-là la route pour Dieppe, où il arriva le lendemain, et embarqua aussitôt pour l'Angleterre. Le navire mouilla au port de Rye le 15 mai. Le 17, Charles se présenta à la cour, un peu intimidé. Après un entretien préliminaire à peine chuchoté, à la teneur étouffée par d'épaisses tentures, on l'introduisit dans un cabinet bien clos, loin d'oreilles indiscrètes. Devant lui se tenait un homme d'allure sévère, le regard froid, la moustache et la barbe bien taillées, le cou ceint d'une large fraise immaculée aux godrons soigneusement empesés : c'était le maître des services secrets de Sa Majesté, le puissant et terrible Sir Francis Walsin...
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