Le mont Saint-Michel incarne à lui seul l’apogée des architectures romane et gothique en Normandie. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
Gothique. Ce vilain mot né dans l’Italie du XVIe siècle désigne l’art du Moyen Âge, jugé « barbare » face aux canons esthétiques gréco-romains de la Renaissance. Une césure sémantique se fait au XIXe siècle, quand Gerville réserve l’expression art roman à la période anglo-normande. Dès lors, le gothique se définit par opposition au roman : c’est ce qui l’a suivi. De ce fait, si la mainmise de Philippe Auguste sur la Normandie en 1204 constitue une date charnière, la nouvelle architecture est apparue bien avant dans le duché.
Les prémisses normandes
On a longtemps identifié le gothique aux voûtes sur croisées d’ogives, à l’arc-boutant et à l’arc brisé. Or, ces techniques sont déjà employées en architecture romane, et singulièrement normande. Vers 1070, on pare la tour nord de la cathédrale de Bayeux d’arcs doubleaux croisés perpendiculairement, sans clé de voûte, dans une approche grossière de voûte nervurée.
Plus intéressante est la Trinité de Lessay, dont le vaisseau central a été voûté d’origine. Eudes au Capel, le fils du fondateur, est inhumé dans le chœur en 1098 ; il est donc avant cette date couvert des croisées d’ogives qu’on y voit aujourd’hui - détruites en 1944, mais restituées à l’identique -, assurément les premières du monde occidental, puisqu’elles ont précédé de quelques années le voûtement de la cathédrale de Durham au début du XIIe siècle - en terre anglo- normande, il est vrai ! -, longtemps avancé comme précurseur de la techni...
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