Saint-Céneri-le-Gérei - L’église de Saint-Céneri, dans un écrin de verdure, vue du pont (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand).
Sur les lieux de l’ermitage d’un saint assez mystérieux, les hommes ont construit ce qui allait devenir l’un des plus beaux villages de France. Le paysage, la lumière, la pierre, les hommes, tous semblent s’être unis pour y contribuer. Un autre visage de la Normandie, trop peu connu.
Saint-Céneri-le-Gérei - La chapelle dans le pré, au bord de la Sarthe (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand). |
Le village
Nous sommes au VIIe siècle. Sans doute arrêté par la beauté du paysage des Alpes Mancelles et peut-être d’un éventuel village en ce lieu, l’ermite Serenicus ou Cerenicus (d’origine italienne) installe son abri, dans un pré, au bord d’une boucle de la Sarthe. Il va passer là sa vie, avec un disciple, étanchant sa soif à la fontaine située en face de son ermitage, de l’autre côté de la rivière, dormant sur une pierre (ancien menhir ?), portant la parole de Dieu aux habitants des environs. Saint vénéré, le village prend d’ailleurs son nom, un monastère est construit vers 670 sur son lieu de vie. Il est dédicacé à saint Martin et malheureusement détruit par les invasions normandes au tout début du Xe siècle. Les différents raids n’ont pas supprimé toute occupation qui dure depuis longtemps, puisque l’on trouve dans le cimetière des sarcophages mérovingiens (VIe - VIIIe siècle).
En raison de sa position, sur un éperon dominant la confluence de la Sarthe et du Sarthon, le village de Saint-Céneri-le-Géréi est doté d’un château qui devient une place forte importante du sud de la Normandie. Le château est, semble-t-il, donné en garde par Robert le Magnifique (duc de Normandie de 1027 à 1035, père de Guillaume le Conquérant, et dit aussi Robert le Libéral) à la famille des Géré (ou Géréi ou Giroie). Le château, dont il ne reste rien ou presque, est situé à environ cinq cents mètres de l’église (sur l’éperon longé actuellement par la route venant de Caen). Il a subi de nombreuses attaques et de nombreux sièges jusqu’à sa chute à la Guerre de Cent Ans. Guillaume, en 1060, cherchant sans doute à récupérer un château pris par les Géréi alors qu’il ne leur fut autrefois que confié en garde ; puis Robert Courteheuse en 1088, Robert de Bellême en 1094, Henri Ier d’Angleterre en 1118. Le château est toujours resté fidèle aux Français, ce qui lui a valu d’être souvent assiégé lors de la Guerre de Cent Ans par les Anglais (de 1429 à 1434) et finalement détruit. Les Anglais finissent cependant par être chassés. De ce château ne restent que quelques pans de murs visibles du « chemin du Donjon » et, de la route venant de Caen, des piédroits d’une cheminée. Il est vraisemblable aussi que les maisons situées au bas du « chemin du Donjon » soient implantées le long du rem...
Il vous reste 90 % de cet article à lire.
PRATIQUE
|
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :NOUS SUIVREPRATIQUE
|