Abbaye de Mortemer. Vue sur les restes du dortoir et de l’église (Photo Isabelle Audinet © Patrimoine Normand)
Loin du monde, dans une superbe vallée du département de l’Eure, se nichent les ruines de l’abbaye de Mortemer, les lacs et les bois qui l’entourent protégeant ses secrets.
Elles sont loin d’être désolées, ces ruines, près des eaux dormantes des lacs, gelés en cette saison. Sous le soleil radieux, la forêt givrée brille de mille feux, l’herbe semble un doux tapis de peluches blanches. Les ruines se détachent sur le bleu du ciel en taches jaunes, rouges, bleues et blanches. Un sentiment de recueillement règne ici, silence ponctué par le cri des oies et des canards et la course gracieuse des daims. Mortemer est le lieu idéal de retraite et, de nos jours encore, le voyage de l’esprit n’est que rarement troublé par des bruits extérieurs. Les moines ne s’y sont pas trompés, qui se sont installés en cet endroit perdu de la forêt de Lyons, il y a huit siècles. Quelques ermites s’y étaient tout d’abord fixés, auprès du Fouillebroc, rivière qui est de nos jours recouverte en partie. En 1134, ils sont rejoints par une communauté de quelques bénédictins venus de Beaumont-le-Perreux, près de Gisors, qui fondent la première abbaye. Fille de l’abbaye du Pin (Vienne), elle est aidée par Henri Ier Beauclerc, duc-roi de Normandie et d’Angleterre, qui y fait construire maisons et granges. La mort du duc ne remet pas en question l’aide qui se poursuit avec Etienne de Blois, puis Mathilde, fille d’Henri Ier et impératrice d’Allemagne. En 1137, après une rupture d’avec l’abbaye du Pin, Mortemer est rattachée à l’ordre de Cîteaux et devient abbaye-fille de Clairvaux. Ce qui fait d’elle la première abbaye cistercienne de Normandie. Les deux premiers abbés, Adam (1138-1154) et Etienne (1154-1163), sont choisis par Clairvaux. Ils sont les principaux constructeurs de l’ensemble. Adam s’occupe de loger les moines, de construire réfectoire et infirmerie, ainsi que des maisons, moulins et granges dans les environs. Etienne a l’honneur d’édifier une grande partie de l’église, puis le cloître, aidé par Mathilde et Henri II son fils. Déjà sous l’abbatiat d’Adam, l’abbaye avait essaimé avec la fondation de l’abbaye du Valasse (1149) et celle du Val-Richer (1146-1150), toutes deux rattachées à Clairvaux, ce qui montre l’essor de sa pros...
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