La falaise dominant l'entrée nord du port de Fécamp se dresse à plus de cent mètres de haut. On aperçoit, sur le plateau, la chapelle Notre-Dame-du-Salut établit à l'emplacement du camp gallo-romain du Cap Faguet. On y accède encore par une ancienne voie romaine. (© Eric Bruneval)
Ouverture dans les hautes falaises du Pays de Caux, le port de Fécamp bénéficie d'une histoire prestigieuse – quand cette ville était capitale de la Normandie – et d'un grand passé maritime.
Fécamp et le Saint-Graal
Déjà le poisson est attaché à son nom car Fiscan est le nom ancien de Fécamp (le « p » est parasite, se basant sur une fausse étymologie). Avec François de Beaurepaire (1), nous dirons que ce nom « est emprunté à l'ancien nom de la rivière de Valmont ; il contient l'élément indo-européen fisc, poisson qu'on retrouve dans la Fisca, rivière du bassin du Pô, dans le Fresquel, affluent de l'Aude, ancien Fiscanum, et dans les innombrables rivières d'Allemagne du type Fischah, Fischbach, etc. » Et, en 875, effectivement, ce lieu est désigné sous le nom de Fiscannum. Un poisson de rivière a donc donné son nom à cette localité qui deviendra un port. Avant notre ère, d'après les fouilles, les premières populations consommaient peu de poissons de mer mais beaucoup d'huîtres comme l'ont montré les nombreux dépôts de coquilles. La vie maritime se serait ainsi développée là, plus tard, avec les Vikings.
Des premières communautés se seraient installées au débouché de la vallée de la Fiscan – qui changera deux fois de nom devenant le Bec de Caux puis le ru de Valmont, actuellement. Le site est remarquable, encadré par de très hautes falaises, 126 mètres entre Fécamp et Senneville au nord. Les Romains vont alors s'installer sur ces côtes. Un camp retranché est installé au Cap Fagnet au nord de l'estuaire, là où se trouve maintenant la chapelle Notre-Dame du Salut ; on y accède toujours par l'ancienne voie romaine. Un autre camp retranché avait été établi en amont, sur l'éperon dominant le confluent de la rivière de Valmont et de la rivière de Ganzeville : le Camp du Canada. La tradition fait remonter à cette époque – le Ier siècle de notre ère – l'origine du pèlerinage du Précieux Sang. D'après celle-ci, un tronc de figuier se serait échoué à l'embouchure de la Fiscan ; il contenait un coffret en plomb dans lequel Joseph d'Arimathie aurait recueilli quelques gouttes du sang du Christ ; une version neustrienne du Saint Graal. Une fontaine aurait jailli à l'endroit où se serait échoué le figuier (actuellement n° 12 de la rue de l'Aumône, derrière l'hôpital, au nord-est de l'abbaye). La source et la relique (qui sera conservée dans l'église abbatiale de la Trinité) vont attirer un important pèlerinage. Il se maintient encore pour la fête de la Trinité, le mardi et le jeudi suivant cette célébration.
La masse de la tour lanterne de l'église abbatiale de la Trinité de Fécamp rappelle la campagne de travaux effectuée entre 1168 et 1187. Actuellement l'église abbatiale, avec sa chapelle de la vierge construite en 1489 est encore planquée de la tour xxxx de la maîtrise élément de l'enceinte. Des destructions ultérieures ont malheureusement fait disparaître d'autres bâtiments. (© Patrimoine Normand)
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L'abbaye
Vers 658, Waning, Comte franc du Pays de Caux (il est aussi qualifié du titre de « Duc ») aurait, d'après l'histoire plus ou moins légendaire, malade, offert l'hospitalité à saint Ouen, évêque de Rouen, en son domaine de Fécamp. Les prières du saint évêque auraient obtenu la guérison de Waning et, en reconnaissance, celui-ci aurait décidé la fondation d'un monastère de moniales ? Avec l'aide de saint Wandrille, Waning et saint Ouen font venir Hildemarque, une abbesse vivant dans le Bordelais, en Aquitaine. Ce monastère est inauguré en 664, le Roi Clotaire III assiste à cette cérémonie. Après avoir eu les yeux brûlés, Leodegar – qui deviendra saint Léger – séjourne à Fécamp. L'église Saint-Léger (détruite) aura rappelé son souvenir. Pépin le Bref visitera aussi l'abbaye.
Il n'y a pas encore de port dans l'estuaire de la Fiscan, il n'y a qu'un mauvais marécage avec quelques hameaux à proximité et, en arrière dans l'estuaire, l'abbaye qui sera à la base du développement ultérieur.
Des Vikings aux ducs
Puis arrivent les Vikings qui vont hanter ces côtes entre 842 et 875. Des fouilles ont montré les traces d'un incendie à cette époque. Les maisons de bois des hameaux de Fiscan et l'abbaye auraient alors été brûlés par les pirates scandinaves. D'après Robert Wace, les nonnes se seraient défigurées pour échapper au viol ou au marché d'esclaves. L'abbaye va ainsi disparaître pendant une quarantaine d'années. On parle d'Hasting (Hâsteinn) qui aurait rodé le long de ces côtes.
Cette vallée profonde qui permet une pénétration facile du plateau cauchois et de rejoindre facilement la mer sera favorable à l'établissement de nombreux Danois (pour la plupart) qui vont se sédentariser là après que le traité de Saint-Clair-sur-Epte ait accordé à Göngu-Hrolf (notre Rollon) les comtés de Rouen et d'Evreux en 911. Le canton de Valmont est en effet celui de Normandie qui compte la plus grande densité de noms de lieux d'origine scandi...
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