À gauche : Statue de Guillaume Longue-Épée, située contre le piédestal de la statue de Guillaume le Conquérant, à Falaise. (© Stéphane William Gondoin) ; À droite : Le meurtre de Guillaume Longue-Épée. Les grandes chroniques de France. (© The British library, Ms Royal 16 G VI, fol. 251 v., France, peut-être Paris, entre 1332 et 1350)
Rollon « Le premer [sic] duc de Normandie » et « William son fiz ». Registre généalogique des rois d’Angleterre. (© The British library, Ms Royal 14 B VI, membrane 5, Angleterre, avant 1308) |
Un saint ! Voici comment les auteurs normands des Xe et XIe siècles s’attachent à dépeindre la figure du successeur de Rollon. L’analyse de l’intégralité des témoignages historiques tend cependant à dresser un portrait plutôt contrasté, propre à tous les grands féodaux de ce temps : l’homme se montre souvent violent et toujours prompt à dégainer l’épée, tout en étant régulièrement la proie d’accès sincères de profond mysticisme.
Fascinant Xe siècle ! Le colossal empire fondé cent ans plus tôt par Charlemagne s’est décomposé, d’abord divisé par les rivalités opposant ses descendants, miné ensuite par les attaques incessantes des Vikings, terrassé enfin par des potentats locaux profitant du chaos ambiant pour s’affranchir de toute tutelle. De l’ordre ancien a émergé un monde nouveau, dominé par des seigneurs gouvernant d’une main ferme d’immenses principautés territoriales. Chacun d’entre-eux s’est accaparé les prérogatives régaliennes (exercer la justice, battre monnaie, lever l’impôt, lever l’armée) et mène sa propre politique. Dans un climat de guerres incessantes, les alliances se font et se défont au gré des circonstances : l’adversaire de la veille se transforme en allié du lendemain ; le compagnon de route du matin devient l’ennemi mortel du soir.
cerné de puissances hostiles
Vers 930, lorsque Guillaume Longue-Épée (on ne sait d’où vient ce surnom, qui n’apparaît qu’au XIIe siècle) arrive aux affaires, la Normandie reste considérée comme un greffon étranger, une entité malfaisante sous le joug de barbares incroyants à laquelle tout le monde rêve de faire un mauvais sort. Le maître de Rouen est volontiers qualifié de « filius Rollonis pyratae » (fils de Rollon le pirate), voire de « dux piratarum » (chef des pirates). C’est dire l’estime en laquelle on le tient ! Et pourtant, descendant d’une longue lignée de païens par son père, il est aussi d’origine franque par une mère qui l’a élevé selon les préceptes de la foi chrétienne. Sans aucun doute possible, Guillaume croit fer...
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