Patrimoine normand

Sainte Thérèse de Lisieux

Dimanche 6 Janvier 2008
Sainte Thérèse de Lisieux

Statue de Sainte Thérèse de Lisieux, à l'entrée de la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)


Pierre-Valéry Archassal

Extrait Patrimoine Normand n°06
Par Pierre-Valéry Archassal.
 
Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

« Vous ne me connaissez pas telle que je suis en réalité », écrivait sainte Thérèse de Lisieux quelques mois avant de mourrir. Malgré les 120 pages de ses manuscrits autobiographiques, la « Petite Sainte » ne s'est jamais véritablement livrée et ce furent plus ses deux procès en canonisation et la publication de sa correspondance, voilà quelques années à peine, qui mirent au jour sa vie et sa personnalité. Sa vie a été racontée par plusieurs auteurs, mais que savons-nous de sa généalogie ? Ensemble explorons là.

Thérèse mourut le 30 septembre 1897, à l'âge de 24 ans. Sur la dispartion de cette carmélite si ordinaire en apparence, personne ne s'attarda. Or, dès 1899, sa tante disait à ses nièces, sœurs de la défunte, que la famille devait quitter Lisieux « à cause de Thérèse », dont la tombe était gardée jour et nuit, pour éviter que les pèlerins, faisant reliques de tout, n'en arrachent les fleurs ou n'en emportent la terre. Celle qui voulait rester inconnue, qui vivait cachée, n'aurait pu imaginer que sa vie, son âme et son image seraient commercialisées auprès de millions de personnes.
 

Église Notre-Dame d'Alençon où Thérèse fut baptisée. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Église Notre-Dame d'Alençon où Thérèse fut baptisée. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Zélie Martin, dentellière reconnue - Maison des saints Louis et Zélie Martin - Maison natale de Sainte Thérèse à Alençon. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

Zélie Martin, dentellière reconnue - Maison des saints Louis et Zélie Martin - Maison natale de Sainte Thérèse à Alençon. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)

DÉVOTION ET VEILLES DENTELLES

« Ma petite fille est née hier, jeudi, à 11 heures et demie du soir. Elle est très forte et bien portante, on me dit qu'elle pèse huit livres, mettons cela à six, ce n'est déjà pas mal ; elle me paraît bien gentille. Je suis très contente. Cependant, au premier moment, j'ai été surprise, car je m'attendais à avoir un garçon ! je m'étais figuré cela depuis deux mois, parce que je la sentais beaucoup plus forte que mes autres enfants ». C'est ainsi que Zelie Martin annonce à son frère et à sa belle-sœur la naissance de son neuvième enfant. le surlendemain, 4 janvier 1873, c'est en l'église Notre-Dame d'Alençon que Marie-Françoise-Thérèse est baptisée, tenue sur les fonds baptismaux par sa sœur Marie, de 13 ans son aînée.

La petite Thérèse arrive dans une famille très imprégnée de religiosité. Son grand-père militaire, était connu pour avoir des opinions en faveur du jésuitisme. Son père, ballotté de ville de garnison en camp militaire, avait émis le vœu d'entrer au Grand Saint-Bernard, secours de montagnards. Refusé parce qu'il ne connaissait pas le latin, il rejoignit Alençon et s'installa comme horloger-bijoutier. D'une foi « vive et active », il refusait d'ouvrir son magasin le dimanche et ne sortait de chez lui que pour participer à des soirées entre jeunes gens du Cercle Catholique. Voulant s'afficher comme chrétien exemplaire, il ne manquait pas un pélerinage, n'oubliait pas d'assister à une messe par semaine.
 

Zélie et Louis Martin, les parents de Thérèse. (O.C.I)

Zélie et Louis Martin, les parents de Thérèse. (O.C.I)

Il était toujours célibataire à 34 ans, et sa mère, cherchant à lui trouver une parfaite épouse, choisit la jeune Marie-Zélie Guérin, qui comme elle, excellait dans la technique du point d'Alençon. La ressemblance des deux jeunes gens était frappante. Comme Louis, Zelie était fille d'un militaire qui avait combattu à Wagram et du Portugal à l'Espagne, aux côtés de Masséna et Soult. Sortant d'une enfance rude, elle avait songé à prendre le voile : « Je veux devenir une sainte, ce ne sera pas facile, il y a bien des bûcher et le bois est dur comme la pierre ». Mais, découragée par la mère supérieur de l'Hôtel-Dieu d'Alençon, elle avait ouvert une petite boutique de dentelles avec sa sœur aînée, qui elle, était finalement entrée à la Visitation du Mans. 
 

DU COUVENT À LA POUPONNIÈRE

Tout se déroula comme Mme Martin l'avait prévu : à peine s'étaient-ils rencontrés que les deux jeunes s'étaient décidés au mariage, Louis proposant de Zélie une vie conjugale toute de chasteté : vivre comme frère et sœur. « C'est homme saint que mon mari, j'en désire un pareil à toutes les femmes ». Mais un confesseur les ayant fait changer d'avis au bout de dix mois de mariage, de 1859 à 1873, neuf enfants leur naissent.

Chez les Martin comme chez les Guérin, les filles sont très largement majoritaires : les garçon décèdent à la naissance, les frères de Thérèse n'échappant pas à ce sort. En octobre 1870, Zélie perd sa première fille prénommée Hélène. Elle sait que le prochain enfant sera le dernier. Une glande au sein lui donne les pires inquiétudes : « Si le bon Dieu me faisait la grâce de pouvoir allaiter cet enfant, ce ne serait qu'un plaisir de l'élever. Moi j'aime les enfants à la folie. J'étais née pour en avoir, mais il sera bientôt temps que cela finisse. J'aurai 41 ans le 23 de ce mois, c'est l'âge où l'on est grand-mè...

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