Pont-de-l’Arche - L’église Saint-Vigor, construite en deux campagnes au XVIe siècle, représentative du gothique flamboyant normand. Cet édifice, de belle taille, est conçu selon un plan très simple, un vaisseau central avec collatéraux sans transept. (Photo Isabelle Audinet © Patrimoine Normand.)
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Située à la confluence de la Seine et de l’Eure, Pont-de-l’Arche offre beaucoup de charme. Le froid et la neige qui nous y ont d’ailleurs accueillis lors de notre visite n’ont rien ôté à notre plaisir. La ville, à l’histoire ancienne, a gardé ses vieilles habitations en pans de bois ou en pierre, sa très belle église et une partie de ses murailles qui l’ont protégée des assauts ennemis. Perdons-nous au fil des rues.
Un peu d’histoire
Pont-de-l’Arche, ou plus exactement le pont qui donna son nom au lieu, aurait été construit en 862 par Charles le Chauve pour empêcher les Vikings de remonter la Seine. Pont fortifié, sa construction, très longue, subit des assauts de ces derniers avant de pouvoir être achevée. Ce qui ne les empêcha cependant pas de remonter le fleuve. La situation de ce pont en ce site même est rendue plausible par la proximité d’un palais royal à Pitres (en face de Pont-de-l’Arche).
Le site de Pont-de-l’Arche, désigné sous le nom de Archas, ou Pontem Archas, n’est réellement connu par les textes qu’au début du XIe siècle. Il est même mentionné comme port de Damps, ville située à côté de Pont-de-l’Arche. La ville n’aurait donc été à cette époque qu’un regroupement de quelques habitations autour du pont, l’un des tous premiers et l’un des rares sur la Seine, dépendant du village voisin.
Le rôle politique de Pont-de-l’Arche découle de sa position sur la Seine et du pont qu’elle défend : elle devient en effet un point de passage quasi obligatoire pour qui voyage, elle est aussi sur un axe de circulation (la Seine) faisant le lien entre la Normandie et le Royaume de France. En 1189, l’abbaye cistercienne de Bonport, en aval à quelques kilomètres de Pont-de-l’Arche sur la Seine, aurait été créée pour confier aux moines l’organisation d’un lien de communication libre entre la Normandie et le royaume français. Les initiateurs de ce projet : Richard Cœur de Lion et Philippe-Auguste avant leur départ pour la Croisade. L’établissement de cette communauté scellerait la coopération des deux rois et leur entente pacifique (Annick Gosse-Kischinewski, Connaissance de l’Eure, n° 89-90 1993). Après la croisade, en 1193, alors que Richard Cœur de Lion est prisonnier, cette coopération fut oubliée par Philippe-Auguste décidant la reconquête de la Normandie avec l’alliance de Jean sans Terre. Le pont de Pont-de-l’Arche sert de nouveau de barrage. Philippe-Auguste échoue cependant au retour de Richard en 1194, n’ayant pas non plus réussi à retourner les vassaux du duc normand. Les affrontements entre les deux princes durent jusqu’en 1198, date à laquelle une trève est conclue. De très brève durée. La mort de Richard en avril 1199 relance les velléités de Philippe-Auguste et la prise de Château-Gaillard (construit par Richard en 1197-1198) par Philippe-Auguste, en supprimant une des principales défenses anglaises avant Rouen et en sapant le moral des Anglais, provoque les chutes successives des villes, règle à laquelle Pont-de-l’Arche n’échappe pas. Au tout début de mai 1204, Philippe-Auguste entre en effet dans ses murs. Le pont, même fortifié ne peut empêcher le roi de France de fon...
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